« NOTRE MÉTIER :
DE LA COSMÉTIQUE POUR LES SEMENCES »

Article : Anne Gilet – 2 Juin 2023 – Référence-Agro

Aegilops est une structure dédiée à l’enrobage des semences. Désormais, en plus de solutions fongicides ou insecticides, les clients demandent à positionner, autour des graines, des fertilisants et des biosolutions. Le multi-couches arrive ! Ce métier, en pleine évolution, doit également tenir compte des nouvelles réglementations, à commencer par celle liée aux plastiques et microparticules de polymères solides. Didier Lannoy, directeur de la société, nous en dit plus.

Créée en 2002, Aegilops est devenue, depuis son acquisition par Bioline en 2018, filiale d’InVivo. « Aegilops reste toutefois une structure autonome, dont l’activité principale est la conception de solutions de pelliculage sur mesure, liquides ou en poudre, à appliquer autour des semences, en fonction des attentes de nos clients, explique Didier Lannoy, son directeur. Notre métier, c’est du cousu main ». Au vu des demandes de plus en plus variées des clients, l’offre d’Aegilops ne cesse de s’étoffer : tant en formulations qu’en espèces travaillées et en process d’applications.

Répondre aux demandes de chaque client

« L’idée est de réussir à enrober les semences, quels que soient leur forme, leur taille, leur poids et le cahier des charges du client, précise-t-il. Et ce, sans perturber l’activité des molécules phytosanitaires ou des biosolutions appliquées et sans réduire la cadence des ensachages à la production et des chantiers de semis. » Un vrai challenge dans un contexte où les réglementations sont de plus en plus strictes. « Nous devons concilier l’obligation de réduire les émissions de poussière, en usine et au champ, assurer la protection des opérateurs à la production puis des agriculteurs, faciliter la fluence des graines dans le semoir dans un cadre où les vitesses de chantier ne cessent d’augmenter… le tout, en gardant la sélectivité et la performance de la formulation », souligne-t-il.

Demain faire cohabiter chimie et organismes vivants

Didier Lannoy reconnaît que ces cinq dernières années, son métier a considérablement évolué. « Alors qu’auparavant, nos clients souhaitaient appliquer avant tout des matières actives fongicides ou insecticides autour de la semence, depuis cinq ans, l’enrobage inclut également des fertilisants et, depuis deux ans, des micro-organismes aux actions de biocontrôle ou de biostimulation. Cela change la donne car ces spécialités ne se conservent pas de la même façon et ont souvent une durée de vie plus courte avec des contraintes de stockage plus grandes. »

Pelliculer des semences avec des bactéries s’avère, par exemple, plus compliqué car tout l’enjeu vise à ne pas les agresser : à les garder actives jusqu’au moment de leur utilisation. « Faire cohabiter chimie et organismes vivants n’est pas simple, admet Didier Lannoy. Pour ce faire, nous allons axer notre recherche sur une nouvelle technique d’application, le multi-couches, afin d’isoler chaque co-formulant de l’enrobage. »

Des sites conditionnés pour travailler de petits volumes

Aegilops affiche une croissance de près de 10 % par an. « Une dizaine de produits premium couvrent près de 70 % de notre activité, complète-t-il. Mais au total, notre gamme compte plus de 40 produits, pour une base de 100 clients. Notre particularité, c’est d’être en mesure de répondre à toutes les demandes, même pour des petits volumes. Nos outils sont conditionnés pour. » Aegilops travaille avec tous les groupes semenciers et avec de nombreuses sociétés phytosanitaires pour mettre au point les meilleures « recettes » d’application, selon les cahiers des charges de chacun. Au total, plus de 20 espèces sont travaillées sur les semences de grandes cultures et les cultures légumières, ainsi que le lin et le coton. « Nous cherchons encore à diversifier notre offre sur les graines de légumes, confie Didier Lannoy. L’investissement dans de nouveaux équipements devrait, à terme, nous le permettre. »

Éliminer les plastiques des enrobages

 

Le service R&D représente près du tiers des salariés : beaucoup de chimistes et quelques agronomes. « Notre rôle est aussi d’accompagner nos clients dans le stockage et la bonne application de nos produits, explique Julien Croenne, responsable du service R&D. Les contraintes réglementaires évoluent et avec elles, nos méthodes de travail. Parmi les dossiers en cours, la nécessité d’éliminer, à l’horizon 2027 en France, les polymères de synthèse de nos formulations. Les traitements de semences aussi sont concernés par la réglementation liée aux plastiques ! Le recours à des formulations biodégradables solubles peut être une alternative. » Lucille Gratecap, en charge des formulations, reconnaît d’ailleurs que « la partie réglementation prend de plus en plus de temps, d’autant que chaque pays possède ses propres règles. Aujourd’hui, nous travaillons avec plus de 20 pays, et donc, autant de spécificités réglementaires ! » Entre 35 et 45 % des volumes produits sont, chaque année, destinés à l’export, sur les cinq continents.

Aegilops en chiffres

  • Créée en 2002
  • 15 salariés dont 7 dédiés à la recherche
  • 2 sites de production : à Val-de-Reuil (27) et à Montreuil-Bellay (49) sur le site de Phyteurop
  • En 2021, ouverture d’un nouveau laboratoire de recherche et investissement dans une ligne de formulation 100 % Aegilops sur le site de Montreuil-Bellay.
  • En 2022, installation du siège sur notre nouveau site.